Une réforme qui transforme le paysage de la formation
Parce que le monde évolue constamment, le secteur de la formation doit également changer et s’adapter pour répondre aux nouveaux besoins et attentes de ses différents clients et partenaires et survivre… La réforme actuelle peut s’apparenter à une bonne démarche, mais comme souvent, nous assistons à une marche forcée et l’obligation pour les organismes de formation, les entreprises, les collaborateurs, les chercheurs d’emplois de s’adapter à une nouvelle réglementation (une de plus) pas complètement aboutie.
Pour nous, organisme de formation
qui gérons de plus en plus de démarches administratives, démarches de certifications, process de suivi normé, etc… avec un coût qui peut représenter jusqu’à 40% du coût de nos structures … Notre trésorerie et nos résultats ont fondus comme neige au soleil.
La numérisation doit nous faciliter la tâche mais ce n’est pas systématiquement le cas aujourd’hui et il faut pouvoir adapter son organisation, former ses collaborateurs, certifier nos formations actuelles et futures, … Une période de transition, comme pour tout changement, qui demande de la ressource (technique, financière et humaine) dont nous ne disposons pas forcément.
Pour les entreprises
qui vont essayer d’utiliser le Compte personnel de formation (une des mesures clés de la réforme) pour répondre aux besoins concrets de leur organisation. Les responsables de formation doivent en effet conseiller et accompagner les collaborateurs dans leur choix d’un apprentissage efficace et les aider à progresser au sein de l’entreprise. Mais comment faire puisque le choix appartient désormais aux salariés et ne concernera pas forcément les besoins de l’entreprise ?
Pour les collaborateurs
qui peuvent théoriquement choisir la formation qu’ils souhaitent, sans nécessairement impliquer leur entreprise. Une bonne chose à première vue, le salarié peut se former sur des thématiques de son choix et qui pourra lui servir en dehors de l’entreprise ou pour son future reconversion … Mais quel choix de formation ? Quelle qualité sur la base d’un coût fixé à 15€/heure …
Pour les chômeurs
c’est sans doute une bonne nouvelle. ils bénéficient d’un budget pour acquérir de nouvelles compétences mais le parcours pour y accéder n’est pas forcément simple et beaucoup peuvent se décourager.
La gratuité relative de la formation
La gratuité relative de la formation nous a desservi et continuera à le faire. Combien d’entreprise se limite au montant d’un budget formation annuel qui correspond à ses prélèvements obligatoires ? Peu d’entreprise s’acquitte du budget total de la formation de ses collaborateurs et c’est logique puisque l’on peut faire financer une partie non négligeable de son budget formation via le montant collecté par les ex-OPCA (après tout, c’est de l’argent qui nous a été prélevé et qu’on doit récupérer …).
Et puis combien d’entreprises considèrent véritablement la formation comme un axe clé de fidélisation de ses collaborateurs ? Pour les nouvelles génération par exemple, une société non apprenante ne constitue pas une entreprise attirante. C’est un fait nouveau et à prendre en compte car il faudra bien renouveler nos effectifs et intégrer puis fidéliser ces nouvelles ressources…
Mais la gratuité réduit énormément la valeur perçue, et nous nous sommes enterrés nous-même avec cette approche qui diminue drastiquement la valeur des formations que nous développons.
La monétisation du CPF est une bonne chose
C’est une bonne chose pour les futurs apprenants : “je connais le montant exact dont je dispose pour choisir ma formation”. En cela, la réforme répond à un besoin réel des collaborateurs de pouvoir choisir eux mêmes de leur formation.
Mais les montants disponibles sur les comptes CPF restent faibles et ne permettent pas forcément le financement total d’une formation qui correspond à un besoin … Les collaborateurs ou chômeurs vont devoir “mettre la main à la poche” et ce ne sera pas le choix de la majorité d’entre eux qui essaient de finir les fins de mois avec des ressources limitées et pour qui la formation restera un luxe.
Nous constatons déjà le développement de formations low cost, bien souvent positionnées sur des plateformes en e-learning avec un modèle économique qui privilégie souvent la quantité à la qualité. Le e-learning est un développement incontournable pour toute activité de formation mais plus comme un outil complémentaire que comme une finalité notamment en france ou les statiques montrent bien la difficulté de nos apprenants à finir leur formation en ligne …
La qualité des formations en ligne évoluent, certe, mais le chemin est long et la transformation de nos structures restent compliquées pour beaucoup d’entre nous avec des investissements de mise en place important et pas forcément budgétisés.
Il faudra s’adapter, développer cette nouvelle activité mais combien sont en mesure de le faire ? Combien dispose des compétences en interne ? Et des ressources nécessaires ?
La certification qualité sera (est) nécessaire pour voir sa formation financée
En tant que formateur, je me suis certifié ICPF & PSI comme formateur-consultant confirmé (plus de 5 ans d’expérience).
13 Degrés Sud dispose d’un numéro d’agrément et est datadocké depuis juin 2017. Nous entamons la démarche vers une certification qualité indispensable à notre pérennité et un développement futur de notre activité dans l’Océan Indien mais au prix d’investissements importants, continus et parce que nous sommes conscient que la barrière à l’entrée qui se forme peut devenir une réelle opportunité pour nous. Cette démarche nous a d’ailleurs permis d’évoluer et d’améliorer la qualité de nos process, gage de réussite future.
Cependant, l’obtention de cette certification n’est pas une garantie de la qualité de la prestation de formation … Savoir bâtir un bon dossier de certification et assurer des formations de qualité sont bel et bien deux choses bien différentes.
Quoiqu’il en soit, les organismes de formation sont en danger !
Logiquement, la création et l’organisation des OPCO en cours depuis le début de l’année 2019 a provoqué une paralysie accrue du système avec baisse globale de la commande de formation (c’est logique, tout changement doit être intégré et les nouvelles règles connues).
Les entreprises, les organismes de formation et surtout les formateurs indépendants n’arrivent pas forcément à suivre la marche en avant et les changements de règles en cascade. Il faudra une ou deux années avant une stabilisation, une bonne compréhension des nouvelles règles et objectifs et une plus grande visibilité.
Obtenir cette certification qualité est laborieux pour de nombreux confrères, et principalement pour les indépendants pour qui le temps passé en face à face pédagogique est clé dans leur business. Ils ne pourront pas facilement prendre 30 à 40% de leur temps pour se certifier et mettre en place le process qualité attendu (imposé).
Cela contraint une partie d’entre nous à arrêter notre activité, ou à défaut, être “portés” par d’autres organismes qui prélèveront une partie (importante) de leurs revenus pour assurer la partie administrative.
Et pourtant, les besoins en formation augmenteront constamment
Parce que le monde change et que les entreprises devront développer de nouvelles propositions de valeurs souvent construites et portées par de nouvelles compétences en interne
Parce que de nouveaux métiers apparaissent, de plus en plus rapidement, et que l’offre de formation classique n’apporte pas les réponses concrètes
Parce que “l’apprentissage, c’est toute la vie”
Et parce qu’il n’y a rien de mieux que d’apprendre, dans un monde en mouvement perpétuel …
Alors, a nous de jouer et nous réinventer et essayant de ne plus subir et d’être pro-actif !
Chez 13 degrés Sud, nous privilégions la qualité à la quantité. Nous réfléchissons au regroupement de compétences, à la mutualisation de certaines tâches, avec l’idée qu’ensemble nous pouvons apprendre à surfer sur ce tsunami et en faire une véritable opportunité …
Pas simple, certe mais plutôt positif 😉